Des briques avec des fripes.
L’industrie textile compte parmi les plus polluantes au monde. Chaque année, c’est près de quatre millions de tonnes de textiles qui sont jetées rien qu’en Europe. De la fabrication, au transport, en passant par l’entretien et les usages, la mode fait face à un défi de taille pour rendre ses pratiques plus respectueuses de la nature et des êtres humains.
Vêtements en fibres recyclées, matières écologiques ou encore suppression des plastiques, diverses initiatives émergent au nom de la « Slow Fashion », une nouvelle vision plus durable de la mode, qui s’oppose au paradigme dominant de la « Fast fashion » dans l’industrie textile.
Parmi toutes ces initiatives, certaines redoublent d’originalité et d’innovation pour véritablement permettre un impact positif à grande échelle. Par exemple, transformer les surplus de vêtements en un matériau de construction écologique, une petite révolution proposée par l’entreprise française FabBRICK.
L’idée est née dans l’esprit créatif de Clarisse Merlet, une jeune architecte qui a toujours cherché des moyens de construire autrement. En expérimentant un procédé consistant à lier et à compresser des lambeaux de tissus récupérés, elle a finalement trouvé une façon de transformer ces déchets textiles en briques qui constituent un matériau écologique, à la fois isolant thermique et acoustique.
Avec juste 2 ou 3 t-shirt recyclés pour faire une brique de 400 grammes, on voit vite le potentiel de cette invention, quand on sait que chaque français jette en moyenne 12 kilos de vêtements par an, et qu’à peine plus d’un tiers sera récupéré par des organismes de collectes pour être réutilisé.
Depuis la fondation de FabBRICK en décembre 2018, ce sont plus 11 tonnes de vêtements qui ont été valorisés, et près de 37000 briques qui ont été produites pour divers projets par exemple pour des lieux d’exposition, pour des magasins comme Kilo Shop ou, récemment, pour la marque de vêtements pour hommes Jules.
Car ces briques écolo ont aussi un gros potentiel déco qui cartonne dans l’aménagement d’intérieurs, notamment auprès de grandes marques de prêt-à-porter, qui exposent fièrement leurs couleurs et leur origine sur des meubles, des panneaux ou des présentoirs. « Les personnes qui manipulent les briques voient tout de suite que c’est du textile. Pour les marques, c’est très marketing du coup » se réjouit la jeune entrepreneuse.
Si son carnet de commandes se remplit de jour en jour, elle tient quand même à rester dans une démarche responsable et écologique, en veillant à ce que les projets auxquels elle s’associe s’inscrivent dans bien dans ces valeurs.
Son concept lui ont valu plusieurs prix, dont Start’In ESS en 2019 et le prix Gabriel de Live For Good en 2020, qui lui ont permis de développer sa jeune entreprise, avec un nouvel objectif : créer un matériau homologué pour êtr utilisé à l’intérieur des habitations, et partir dès l’année prochaine à l’assaut des magasins de bricolage et de décoration, histoire d’apporter sa “brique” à l’édifice d’une construction plus durable.