Les semences paysannes bientôt de retour dans nos assiettes
En agriculture on distingue les semences paysannes des semences de ferme.
Ces dernières sont achetées à une entreprise qui commercialise des semences. Cette transaction est rendue possible car contrairement aux semences paysannes, les semences de ferme sont inscrites au catalogue officiel. Jusqu’à récemment seules les semences figurant dans le cahier officiel pouvaient être commercialisées. Or la majorité appartenaient à des multinationales comme Monsanto.
Le problème principal de ce système de catalogue pour les agriculteurs bio réside dans le prix. Pour inscrire une nouvelle semence au catalogue et lui donner ainsi le sésame du marché, les producteurs doivent débourser des milliers d’euros. Il faut compter entre 6 000 et 15 000 euros, une somme énorme pour un petit producteur.
Ce système remonte au début des années 80. Dans un souci de préservation de la sécurité du consommateur, un décret publié en 1981 au Journal Officiel interdit la commercialisation de graines non inscrites au catalogue officiel des semences autorisées. Afin d’être homologuées, les variétés proposées doivent réussir une série de tests précis. C’est-à-dire, être adéquates «aux normes de Distinction, d’homogénéité et de stabilité (tests DHS)» et présenter une «amélioration par rapport aux variétés existantes (test VAT: Valeur agronomique et technologique), lorsqu’il s’agit de plantes de grandes cultures».
Le catalogue officiel des semences autorisées est élaboré en France par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis). Actuellement, plus de 3000 variétés de légumes y sont inscrites.
La lutte des agriculteurs bio a enfin porté ses fruits. Le parlement européen a adopté une nouvelle législation visant à soutenir la production biologique. Parmi les nouvelles mesures, qui entreront en application à partir de janvier 2021, on en trouve une qui autorise «la reproduction végétale de matériel hétérogène biologique». En d’autres termes, la possibilité de commercialiser des semences paysannes.
Les semences bio ne passeront donc plus par les cahiers des semenciers et relèveront directement de la responsabilité des producteurs. Selon les associations, cela pourrait inciter les producteurs à développer leur propre variété de population et ainsi créer une certaine dynamique sur le terrain de la biodiversité.
En effet, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), 75 % des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et cinq animales seulement.
Dans ce domaine encore, il reste du boulot en matière de diversité !